breizh troopers

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RAID DES TERRES NOIRES Digne les Bains, Juin 2015

Nous revoilà sur un nouveau terrain de jeu pour vététiste averti !  Après le ghost all mountain challenge de Millau, nous finissons la saison avec un raid extrême sur une terre qui nous a longtemps tenu  en haleine. Le calendrier proche des vacances d’été ne permet pas de présenter plus de 2 riders du team et l’engagement proposé ne laisse pas de place à l’improvisation : 80 km et 3600 de D+ sanctionné par 6 barrières horaires. Autant dire que pour la balade aux champignons, vous repasserez ! De toute façon, rien ne pousse sur les terres noires. Trop chaud !

RDV à Digne les bains : les alpes de haute Provence où la cigale chante et la lavande parfume. Les bains : par sa station thermale qui attire les curistes. Nous on n’a pas profité du bouillon pour tremper notre cul : manque de temps et puis on est venu rouler sur une autre planète. En voici un Cr  déchirant.

 

  Ce qui est bien dans ce sport, c’est la recherche de nouveau terrain de jeu et les plus riches en sensation sont dans le sud-est. Parole de Bruno. On en avait eu un aperçu avec  la transv dans la vallée de la Vésubie qui descend vers Nice, mais ici c’est la montagne. Dur, raide, infranchissable, ne pardonnant rien, piégeuse, mortelle mais tellement belle et généreuse en paysage, en sensation qu’on lui pardonne sa dureté et qu’on y retourne avec envi et impatience.

Pourquoi ce raid ?

 L’idée est née il y a 3 ou 4 ans. Rien que le fait d’en parler c’était déjà une poussée d’adrénaline. Et quand  ça monte en pression c’est que c’est bon ! Vu que le raid a lieu que tous les 2 ans alternant avec l’enduro du même nom, on a sauté sur le détonateur pour faire péter  la plaque. Limité à 499 fous furieux, on a desserré les freins pour foncer sur le bulletin d’inscription. Y a pu qu’a !

 

 

 

       C’est qui qui m’accompagne dans ce délire ? Mon gollum, mon frère d’arme, mon binôme, mon ami qui  m’entraîne, me traîne et partage également ma trace, bien que,  je suis souvent dans la sienne.  Mappy annonce l’addition : 1193 km de bitume pour ce délire d’un we. Faut être un peu barge pour faire ce truc mais on l’est et non content de l’être, on le revendique et on s’entête ! Bon, au moins la météo est ok pour 4 jours.  On décolle à 5h du mat. de la casa. Le jour se lève et nous montre la route à suivre. Vers l’est, pas pour la prière ! Facile ! On envoie du lourd : 13h40. La crèche se profile à travers les champs de lavande. Une caravane, non une passoire qui laisse passer la lumière, le vent, les mouches, les moustiques, les bruits, les odeurs. Un truc de l’âge de pierre qui ne correspond en rien à ce que j’ai réservé. On aurait été mieux dans une grotte.  Stupeur inside : transformation du bordel : un lit unique. C’est quoi ce bordel. La moutarde monte, la pression aussi d’ailleurs, et en plus  le gentil animateur du dit bordel me dit que c’est conforme à l’annonce. Fait moi passer pour un menteur et je te dirai merci ! Devant nos regards patibulaire, et avant qu’il  ne finisse dans la fosse aux lions, il ravale ces conneries et détale  vérifier son délire de jeune délinquant récidiviste. Ben voyons ! J’ai raison. Tu croyais quoi, moule à gaufres?  Y pu qu’a ! Déjà qu’il n’y avait pas grand-chose dans la charriote, nous voilà démonter la table et virer les tabourets pour y mettre un lit de 70x 190  entre le frigo et ce qui sert de fenêtre. Vous mangerez dehors ! Ben voyons ! Et je chie dans ta caisse ! Contrarié le Bruno ? Juste un peu. Froid l’accueil ! Bon je m’arrête là. Hé ! Pas de remise pour ce contre temps ? Que nenni. 

 

 

Retour au vtt. Samedi, on programme une reco du meilleur du raid : le site des terres noires du côté de Draix. Un peu de tourisme à Digne pour découvrir une ville tranquille  où les poupées sont toutes belles. C’est dingue la concentration ! C’est bon pour le moral. Arrivée sur place,  la chaleur commence à monter. On repère le balisage du raid qu’on emprunte à l’envers croisant également des circuits permanent. La terre passe au noir. On y est. Là, si tu croyais savoir-faire du vtt, tu peux avoir quelques doutes sur le franchissement en général. On grimpe pour les hauteurs en passant dans un canyon. Ça devient un truc de malade. On abandonne les bikes, on continue la reco à pied. Mais même à pied on a du mal à grimper. C’est normal, c’est fait pour être descendu me direz-vous. Waouh !!!!!Quel terrain de jeu pour équilibriste trialiste ! On y va pour un run prudent. Du devers, de la pente, des virages relevés, du grip, des pif paf entre les arbres et pas le droit à l’erreur sinon tu es roi de la glissade sur le cul et profond tu descends. Le truc chiant c’est de remonter sur la crête pour voir où est la porte de sortie. Bref frappes qu’un coup, pas de rattrapage possible. Tu meurs desséché dans l’indifférence si tu te loupes en solo. On tournicote 3 h dans le bazar avec un plaisir fou. Rien que pour ça on est venu alors on décharge le Nikon pour une séance photo qui va immortaliser le passage dans ces puta…. de terres. Retour au départ par le même single ce qui nous fait dire que 60 km de raid nous aurait bien suffit le lendemain. On ne croyait pas si bien dire. En traversant le hameau de Draix, on choppe un mec qui bricole son Vario de 20 ans d’âge sur le pas de sa porte. On cause raid, terrain, on engrange les infos. On est convaincu que demain sera un jour de warrior. Retour à Digne pour le retrait des plaques à la terrasse d’un bar. C’est cool pour boire la mousse et mater. C’est le repère du club local. Pratique pour le carburant. A 18h30 se déroule la première « street race ».  On y va pour encourager. Parcours de 1.5km à courir en relais de 2 pendant 1h. Ce n’est pas une DH mais du XC en ville. Bien vu le principe et c’est chaud pour ceux qui engage fort dans les escaliers ou entre les tables des terrasses de bar. Au millimètre je vous dis. Pizza party pour finir la journée. On pense au lendemain, paquetage  étalé prêt à être conditionné dans le hawg et l’evoc. On décolle à 6h45.

 

 

Le raid : c’est dimanche, c’est l’été et c’est aussi la fête des pères et de la musique. La FETE !

  Le soleil est à sa place. La température te fait oublier la veste du team. Le maillot également. On opte pour le maillot de crosseux, zip intégral pour l’avant afin de ventiler. Un dernier coup d’œil sur la plaque qui affiche le graphique du dénivelé.  38km et 2000 de D+ pour la 1°moitié. Echauffement compris dans le menue. Bouge ! C’est le brief ! L’homme au micro nous annonce que les barrières 1 et 2 sont larges. Gros doute sur sa sincérité.  J’explique : la 1 est à 15 km et 1000m D+ et 2 h pour  s’y rendre maxi !!!! Facile. Non.

 

 

 8h : départ sous contrôle de la voiture commissaire pour sortir en sécurité de la ville puis c’est  la pampa. On roule un  chemin impossible que seul une poigné va pouvoir monter. On marche déjà ! C’est raid, c’est monstrueux. On s’arrache dès qu’on peut sur le bike pour maintenir 7.5km/h de moyenne. Ne riez pas !  Plus de 110 riders n’ont pas franchi la barrière n°1. En haut de la 1° bosse, un single de 400m de D- sur 4 km. Une belle spéciale d’enduro avec  des épingles  bien serrées.  La plaquette chauffe. La suite est terrible. On attaque la grosse difficulté du matin : environ 1000 m de D+ avec une coupure de 100m de D- dedans.  La barrière horaire est après cette coupure de 100m de D-. Le GPS me donne 7.3 km/h de moyenne.  Je ne suis pas dans les temps de passage de la 1. Inconcevable de prendre la barrière en pleine gueule, en tout cas pas celle-là. Large qu’il avait dit l’homme au micro ? Nous passons à 10h01 la barrière.  Non de Zeus (Dieu protecteur….) comme j’aime à le dire. Ce n’est pas du figolu de tafiole ce raid. 3’ de pause vidange-alimentation. On s’arrache comme des voleurs pour gravir la montagne. Je rappelle : 1000m de D+ à finir. Gravir, non grimper, de l’alpinisme pour passer le col à 1700 m d’altitude. La transv et son brec d’Utelle  fait figure de petit joueur comparé à ce qu’on passe là. C’est un truc de malade. J’avais laissé la moitié du cerveau dans le garage mais ici, il fallait tout laisser et faire confiance au bike, à ses freins et ses pneus. Prier pour le bon dieu de la survie, d’arriver entier en bas de la montagne. Magnifique la vue au col où je trouve secouristes et gentils animateurs pour pointage de plaque au cas où certain serait descendu en delta plane ou parachute. Info gratuite du col : les 1° ont mis 1h15 du col à la barrière horaire n°2 soit 17km. GLOUPS !!!  Je mettrai 1h40. La descente  d’anthologie : 5km et 500m de D-. Plaquettes en surchauffe. Faut rattraper un peu de moyenne horaire. Des bargeots debout sur les pédales, mon gollum  loin devant car j’ai du mal à dépasser. J’aspire l’air chaud aux multiples saveurs de la garrigue du sud et son thym particulier.23 km en 3h, c’est jouable.  Ça remonte  fort mais ça pédale. Vive le 22x36. On passe un point d’eau  pour bétails mais aussi pour les imprudents. Bien vu l’idée de la survie hydraulique. Le fut de bière aurait été utile sur ce point. Hop hop hop ? Pas de réponse. Parti chier et pas vu quand je suis passé mais lui m’a vu donc il a l’avantage de savoir où je suis. Je trouve la motivation de filmer un peu au cas où je serai hors course si tôt. De quoi justifier  mon déplacement. Beurk !  Du single, des cailloux qui roulent, du sous- bois, des pistes en corniches, des riders en difficultés mécaniques, on ne s’ennuie pas. Longue montée et longue descente parfois bien engagé ou le faux pas est interdit. Les plaquette hurlent !  11h50 je passe la barrière horaire n°2. C’est mieux mais pas de quoi se réjouir. Hop hop hop ! Ah ! enfin une réponse. On arrive quasi ensemble au ravito. Refaire le niveau d’eau,  prendre des news de la suite et manger des Kcal rapides sont les objectifs du moment. Au vu des temps de passage des 1°, les barrières sont déplacées de 30’. Pas de quoi s’endormir et lézarder au soleil. On est tous les 2 pas dans le rythme qu’il faudrait pour aller au bout. C'est clair que le début de course était sélectif  et on a payé cash la marche à pied. Mais on donne tout pour la suite. 1h20’ pour 10km. Faut maintenant envoyé sur une portion très exigeante qui va être la première partie des fameuses terres noires : alternance de montées et de descentes ne dépassant pas plus de 300 de D- ou D+  mais la chaleur vient en supplément. Ca y est, c’est là ! Les crêtes des terres noires. Au  putai…. de single! Pire qu’en vrai ! Tu roules sans appui droite ou gauche, le vide partout. La tige de selle au plus bas ne nous donne pas confiance. Je l’abaisse de 3 cm en plus de façon à avoir les pieds sur terre, non, parterre.  On est petit devant  ça ! Humble je marche à côté du bike quand je ne le sens pas et ça va durer un moment. C’est triste de coincer comme ça mais le vertige te gagne très vite et je n’ai pas le medoc dans la musette. Mon gollum est pire que moi : mais c’est un warrior qui se bat avec l’ennemi du vide et gagne du terrain. 10km en 1h20’ : c’est ouf de sortir de ce piège vivant. On glisse vers la porte de sortie de ces plies de schistes par la descente d’un canyon, un couloir naturel, virages en appui sur les côtés et glissade sur pierres humides. Le top ! Le timing est serré : 5’ minute d’avance à la barrière n°3 située à Draix, le village du samedi. On passe dans les 200 sur 430. Ça c’est fait. 45km au compteur. On va chercher la 4°sans conviction. Pas loin de 11km et la deuxième partie des crêtes qui va faire mal à la moyenne. On retrouve au ravito le proprio du vario avec qui on avait discuté la veille. En mode touriste, il donne des conseils et reste admiratif de ce qu’on a déjà fait sur le parcours. Plus de D- que de D+ mais du lourd dans l’engagement qu’il nous dit. Il nous attend dans 1h10’-1h15’ pour boire la bière si on ne passe pas la barrière 4. C’est cool, on a gagné quelque chose. Gaz ! Prêt à vitrifier les plaquettes ? Je fais remarquer que plus beaucoup de riders sont présent derrière nous. Beaucoup sont sur le retour. Le couperet ne tombe pas loin à chaque fois. On roule depuis un moment avec le même groupe.  On aborde la situation différemment car on sent que ça va coincer. Alors on est libéré pour profiter encore plus du terrain et se lâcher encore plus dans des descentes au finish incertain et dompter ces crêtes vertigineuses.  On passe, là où ça coinçait la veille. On  s’affirme descendeur de l’extrême, freerider de l’impossible et ça passe. Quel fierté  quand les spectateurs te félicitent ! ALARME……. WARNING….. STOP…… la faucheuse est passée. C’est mort pour nous. 25’ de retard. On est mis hors course après 55km et 7h de raid. On retourne à Draix, retrouver notre conseillé qui nous attend comme il avait dit. La bière qu’on partage nous fait un bien fou. L’analyse du parcours nous donne raison sur le fait qu’on a roulé le meilleur du tracé 2015. La suite aurait été : une fournaise dans la caillasse, suivie de l’ascension de 400 de D+ sur 4 km, le single descendu le matin en entrée de parcours. Autant dire que le finish était extrêmement douloureux.

 

 

  Draix-Digne : 12 km de route pour y retrouver  le village  course et prendre le temps de déjeuner.

Bilan : on est venu, on a vu, on n’a pas vaincu dame nature.  C’est du très gros. Il va falloir maintenir un entrainement  basé sur la distance marathon et surtout prendre de l’assurance dans le pentu. Moi je dis ça mais où vais-je trouver l’équivalent ici ?  Côté vélo, on a ce qu’il faut. Rien de trop sur le débattement. Une tds en 150mm pour les crêtes est idéal. Le choix des pneus pour terrain rocailleux s’est avéré excellent et bien sûr en tubeless. Un grip de fou et un rendement au top. Le verrouillage de l’amorto est un plus pour les longues grimpettes.  Prévoir son road book sur le cadre à moins d’avoir une mémoire d’éléphant. Moi j’ai celle d’un moineau en fin de vie. Le sac : poche à eau mini 2l ; bien serré sur le dos.  Savoir marcher avec son bike sur le dos est indispensable.  Partir avec des plaquettes neuves et rodées. Arriver la veille pour reconnaitre  si le terrain n’est pas connu.

 

  176 pilotes en sont venus à bout. Ils ont entre 6h30 et plus de 10h de temps de course.  On peut que féliciter l’organisation  et ses 100 bénévoles pour un tel raid aussi bien réussi. Merci à eux.

Prochain raid : juin 2017. Qu’on se le dise. Moi, c’est mon Himalaya ! Un défi  à relever !



06/07/2015
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