breizh troopers

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Les Chemins du Soleil (Gap-Die) 30-31 mai et 1er juin 2014

 

3 étapes en version rando raid : 84 – 50 – 90 km pour 8200 D+, 27h de vtt.

 

           
           

 

 

 Dans la série des raids marathon sur plusieurs jours, il y a celui des chemins du soleil orchestré par l’association raid vtt  et cette année, c’est la 12°édition qui part de Gap  (haute alpe) et qui arrive à Die dans la Drôme connu pour sa clairette, la clairette de Die. Une boisson  gazeuse à base de raisins. Sûr, Seb., mon co-équipier sur ce raid, a aimé ce nectar. Il a rempli sa charrette de cartons pris à la maison mère le dernier jour.

Ce raid, c’est quoi ?  2 catégories : raid Elite et rando Raid. L’un est chronométré, l’autre, non.  L’un comporte 4 étapes dont une de nuit, l’autre 3 étapes. Mais les distances sont les mêmes pour les 2 catégories. Au programme pour la rando raid : étape 1 : 84 km et 3000m de D+. Étape 2 : 50 km et 2200m de D+ ; étape 3 : 3000m de D+.  Total : 224 km et 8200 de D+. Bon là vous avez compris que la rando du dimanche autour du village ce n’est pas ici. On joue dans une autre dimension où les pentes sont plus longues  dans les 2 sens, la météo imprévisible, des portes horaires le dernier jour pour accélérer ce qui n’auraient pas compris que c’est la fin du raid et qu’on dort pas là ce soir. Les acteurs sont français, belges, suisses, anglais et j’en oublie. Mais vous avez  ici une organisation très bien rôdée et pas loin de 400 bénévoles pour assurer les taches pas toujours les plus agréables. Voilà la scène et les acteurs, la nature pour terrain de jeu.  C’est parti pour un CR à ma façon : bonne lecture.

 

 

 

3 jours, 2 riders de la bande des breizh-troopers et 1100 km  de route pour enfin rider sur des terres inconnues. On part dans la nuit pour faire une grande partie de la route sans trop de circulation. Hé oui c’est le we de l’Ascension et on n’est pas les seuls à le savoir. Die, mercredi midi, on découvre les montagnes et le théâtre où va se dérouler la pièce. Après 12h30 de voyage, on est content de savoir que le soleil est bien sur les chemins. Les réjouissances approchent et la tension monte d’un cran, pas pour moi. Je suis un habitué des raids et autres marathons. L’ami Seb qui voit les montagnes pour la 1° fois se dit que ça va être du très costaud voir colossale, voir infaisable. Bref, il passe en revue tous les plans possible pour aller jusqu’au bout du bout, c’est-à-dire l’arrivée. Mais c’est trop tard pour se lamenter et se dire que le gâteau est trop gros. On est là pour le manger et l’appétit chez moi est sans commentaire : tout manger et ne rien laisser derrière. Ceux qui me connaissent, savent que le sage est là pour se faire plaisir et pour tout donner . C’est 700 riders qui se retrouvent sur le terrain de foot de la ville de Gap pour le retrait des plaques et le briefing d’avant meeting.  Celui-ci est transformé en terrain de camping pour la nuit.

21h départ du raid élite pour la nocturne. 33 km pour 1000m de d+.  Le Seb sera des spectateurs pour  voir des champions de France et d’Europe en découdre.  Je préfère le silence  et la concentration sur ce qui va suivre dans les prochaines heures.  Le bike est en parc fermé pour la nuit. Vendredi matin, c’est parti pour 84 km. 8h30 départ du centre-ville de Gap. 500 riders partent vers les sommets d’Aspres sur Buech 15 minutes derrière la course des Elites. Le soleil réchauffe l’air encore bien frais à cette heure.  Cuissard long, court, short, maillot long, court ?  Incroyable le temps passé à choisir la bonne tenue qu’il a mis le président. Une vraie gonzesse devant l’armoire avant une sortie en boite.  Bon, il n’est pas parti en slip, c’est déjà ça.  Ça roule fort, trop fort que je dis. Au 7° km je trouve un GPS sur le chemin. Et voilà un malheureux qui va mourir dans la montagne au milieu de nulle part car ici, le désert est partout. Merde, ça fait du poids dans le camel en plus.  On égrène les kms.  La montagne est magnifique, les points de vues mitraillés par canon et Fuji ama. C’est tout simplement : vertigineux.  On roule ensemble mais le Seb, il connait tout le monde. C’est incroyable l’énergie qu’il a au niveau du muscle de  la langue.  A ce rythme, il va avoir un sacré carnet d’adresse.  Bon, les montées s’enchainent, les portages aussi. Et oui, la montagne n’a pas que des chemins à 4 voix pour aller jusqu’au sommet. La piste à chèvre se finit souvent en ascension à 4 pattes le bike sur la musette. La récompense est derrière, sur l’autre versant.  Le single qui va bien, le plus tortueux, le plus pentu, le plus caillouteux, le plus sinueux, le plus racineux, le plus excitant, Bref, c’est le pied pour les descendeurs, les férus d’enduro à l’échelle XXXXXL. Là tu sais pourquoi tu es venu et pourquoi le directeur de course a dit raid extrême dans son discours de bienvenu. Ça sent la plaquette cramée et le disque surchauffé mais je vous dis que l’adrénaline a coulé à flot et mon pote de la transv aurait dit : t’as déjà une demi molle ! 1° ravitaillement : buffet  de mariage. Salé sucré, apéro et plat de résistance se côtoient. Incroyablement riche et grave en calorie : c’est la 1°fois que je vois de la crème de marron sur un raid. Vraiment top.  Le Seb qui n’a pas mangé depuis  x jours, picore tous les plats en un temps record. Respect. Ne peut pas le suivre sur ce coup.  Le GPS me donne 8km/h de moyenne.  Pour 84 km ça va faire une sortie de 10h. Ben pour une mise en jambe on est servi. Le temps se gâte vers 14h30 au moment d’arriver au 2°ravitaillement. L’orage monte, gronde et déverse sa colère sur nous.  Le relief qui s’étale devant nous n’est pas favorable pour un

sprint final. Je fais remarquer à mon co-équipier que la remorque vtt de la sécurité  est quasi complète. Les abandons s’additionnent.  Le froid nous gagne. L’hypothermie n’est pas loin si on ne s’équipe pas pour les 40km qui nous restent.  J’attends souvent  en haut car le portage n’est pas le point fort du don juan. Mais à ce jeu, c’est moi qui vais perdre. Arrivé à la hauteur d’un tandem, il se liera d’amitié avec l’équipage et terminera avec eux les 9 derniers km et j’en profiterai pour commencer à rouler un peu plus fort avec un rider de la course élite. Trempé, impossible de descendre ma tige de selle à une main tellement j’ai froid aux mains, je franchi la ligne d’arrivée après 9h53 de raid. Ce fut glissant, collant mais tellement breton !! La montée du bivouac sous la pluie et le lavage du bike fut une corvée dont on se serait bien passé. La douche ? Au jet avec le bike. Seul le diner et des affaires sèches vont nous donner la force de préparer le lendemain. Le briefing du soir laisse tout le monde dans un grand silence : 12 riders au tas et à l’hôpital. Fractures, hypothermie. Même un pro rider élite a perdu son équipier  pendant 20’ avant de se rendre compte qu’il «était chaviré dans les orties.  On prépare le sac pour le lendemain et  nous voilà devant l’armoire à gonzesse pour choisir une tenue. Alors ici ça vaut son pesant de cacahouète. J’aurai droit à toute la panoplie de Ploneis vtt, le long, le court, le mi- saison….. Allez hop hop hop, au plume. Levée 6h pour le petit dej. Départ 8h15 pour Lus la croix haute. Le temps est au beau pour sécher le terrain. Mais l’organisation a mis un plan B en place pour shunter une partie du circuit des chemins du soleil pour les faiblards.  Au km 18 après le 1° ravitaillement, à ma grande surprise, l’ami Seb me dit qu’il prend la route. Le voilà routard comme ses potes du club. Il se croit dans  les 21 virages de la montée de l’alpe d’huez. Pas remis de la veille que je me dis. « Salut, à ce soir ». Je pars sur la piste, celle du raid, avec  quelques survivants. Oui la piste exige courage, mental et physique car ça glisse, ça monte très fort mais on le sait. Le plaisir est en haut. Comme le pot de nut en haut du placard. Je suis seul au monde pendant un temps avant de rattraper un trek man remedy 7. Alors quand 2 trek men  échangent ça donne de la force. Terrain hostile dans une forêt qui nous retient tellement ça colle : impossible d’aller plus en avant. La roue est bloquée, collé à l’argile. Mieux que la glu de la pub.  Je laisse une poigné de jurons que le dictionnaire ne connait pas. J’en chie mais je suis sur la piste des chemins du soleil et c’est là qu’il faut passer.  J’enchaîne les paysages magnifiques que moi j’ai vu. Et paf dans la tronche. C’est gratuit. Le ravitaillement se profile et l’accueil des bénévoles est toujours très respectueux de l’effort que nous fournissons. C’est toujours le buffet campagnard copieux qui  nous régale et nous redonne des forces pour gravir les montagnes. L’étape (50km) peut paraître courte mais les singles se méritent au prix de poussage portage. La moyenne ( 7km/h)  n’est pas mieux que la veille mais l’important c’est d’arriver entier et en garder sous la pédale pour le dimanche. Lus la croix haute, petit village de moyenne montagne, je suis accueilli par le roi du bitume arrivé quelques minutes avant moi. Pressé comme un citron il m’abandonne pour son bike qui a besoin d’une douche. Même pas bu un pot avec moi !! M’en fou j’en ai bu à me saouler.

6h58 de pur plaisir pour 2200m de D+ en compagnie de riders ayant tous un palmarès de raid aussi long que le bras tatoué de mon pote. Arrivée de bonne heure, j’ai le temps de monter le bivouac sous le soleil et de faire sécher  les affaires de la veille. Je pense à moi avant ma fidèle monture, enchainant la douche, la com. avec le monde extérieur et terminant avant le diner, le contrôle technique de mon tape cul  favori. Je savoure le chemin parcouru avec celui-ci depuis 2012. Je lui donne une bonne dose de lubrifiant et m’assure que celui-ci est rassasié. C’est que demain, 90 km sont au programme pour 3000m de D+ de Lus la croix haute à Die.  Diner, brief pour apprendre que Dietsch  et Sahm sont premier au général. Le directeur de course insiste sur le fait que la journée de demain sera éprouvante car le dénivelé est costaud sur la fin au km 65. Et oui, un peu de piment dans cette étape : 3 portes horaire : 25-45-65km. Très beau temps annoncé, le parcours passe par un sommet de plus de 1650m d’altitude donc une descente derrière qui va offrir un des singles les plus somptueux jamais  roulé.  Jour j. levé 4h45. Départ 6h40. Les élites sont à 10’ devant nous.  Je suis concentré dès la sortie de mon duvet et ça caille grave à cette heure en montagne. Il fait nuit et c’est à la frontale qu’on plie le bivouac. 5h40 devant son chocolat, Seb ne dit rien. C’est grave docteur ? Je crois qu’il n’a pas encore chié.  Je joue solitaire car le départ va être déterminant pour la suite. On part dans un raidard qui pousse et porte et le plus fort sera celui qui sera au sommet  dans le groupe de tête : moi j’y suis et j’évite les embouteillages qui ralentissent  le gros du peloton.  9h19 je suis au premier ravito : toujours aussi copieux mais pas pour moi qui ait encore de quoi survivre dans les poches : reste de la veille. Je garde mon avance et je repars avec le même groupe qui roule fort mais qui alterne repos rapide et  relais. Ça sent l’expérience du raid marathon. Le soleil commence à se faire sentir dans les portions découverte. Le terrain est  un régal : du chemin  de traverse pour les montées, des singles pour le reste.  Dans ma bulle, je savoure ces paysages  d’altitude avec des vallées profondes, des falaises vertigineuses.  Le groupe s’étire, la fatigue commence à avoir raison de certain qui s’effondre dans l’herbe à l’ombre des sapins. Je poursuis  la monté dans un poussage sans fin qui nous fait basculer sur le  ravito 2 au 45 km. J’avais prévu de faire le plein d’eau et de m’alimenter sérieusement. 12h10 pour une porte à 13h. Mais je n’avais pas entendu la veille pendant le brief qu’il y avait une 3° porte à 13h30 au km 65. Tout ça pour ne pas terminer trop tard le raid. Un coup d’œil sur mon road book scotché sur mon cadre pour me rassurer  que c’est faisable. Un bénévole m’assure que c’est faisable en roulant sans relâcher la pression. C’est alternance de chemins de vignoble et de route mais faut quand même franchir du d+. Je repars à 12h18 avec le plein de carburant, les cacahuètes dans la poche entre 2 tranches de pain d’épice et pas de Seb en vue. Je double car devant moi c’est mode pépère pour finir.  Je pousse le 36 dents à son maxi. Une fille doublée peu avant me rejoint et me dit que c’est faisable et on roulera ensemble alternant les relais pour se relancer.  On franchira la porte avec 7’ d’avance. No comment, sir but I have had hot !

 

 

Là j’ai gavé mon estomac  comme celui d’une oie avant de  manger les 760 de d+ qui m’attendait.  Mais la pression s’évacue au fur et à mesure que je roule, libérant les sensations  et m’octroyant plus de pause pour soulager le fessier et prendre le temps de savourer le terrain. On n’est pas nombreux puisque la porte s’est refermée derrière nous. Environ une 20 taine de riders avec qui je vais terminer le parcours.  Le soleil est franchement chaud mais l’air est frais en altitude.  On roule au pied de falaise verticale, tout simplement  magique, silencieux comme un colosse qui vous laisse passer mais vous surveille du coin de l’œil. Ici on est toléré, on n’est pas propriétaire.  Ça sent le final vautré dans la prairie à 1200 m d’altitude avec les 2 motards de l’organisation. Une vue à couper le souffle. Je ne voulais plus repartir tellement c’était beau. 20’ de pause et  j’envoie le 36 dans la pente. Un panneau sur le GR signale Die à 7.7 km.  Et là tu te dis que le single pentu pour finir fait 7.7 km. Waouh, les cuisses vont brûler grave et le marteau piqueur entre les mains va achever ce qui reste de mes paumes de main. Le single s’avère être la piste au 40virages, certains ont dit 61. Je n’ai pas compté mais une chose est sûre, en bas on a eu notre compte et la traversée de Die est comme un instant de gloire personnelle, un gâteau consommé sans indigestion, un dépassement de soi avec une force mental accru dans l’effort physique. J’ai adoré ça. 16h41 (10h11 pour l’étape) sur la ligne et 224 km pour 8200m de D+,  un défi relevé, un défi gagné.  Finisher, quoi !!!

L’histoire se termine avec les retrouvailles du président arrivé plus tôt dans l’après-midi. Il a découvert la montagne et ses exigences mais à promit de remettre ça en 2015 pour finir cette fois-ci.  C’est courageux d’avoir osé.  Bravo l’ami Seb, tu m’as bien fait rire et tu m’as bien fait chier avec  ton pyjama à rayure.

 

 

Le bike : trek remedy 8 ; plateaux 22-36, cassette 11-36, frein formula RX, débattement 150mm devant derrière, tds spécialized, pneu  maxxis high roller av.ar.  lust.

                                                                                                                             BRUNO (grand maître Yoda)



09/06/2014
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